
Histoire de la ville de Grenoble
Une histoire de plus de deux milles ans !!!
Grenoble, ville d’une population d’environ 450 000 habitants, une métropole française de 49 communes, située en Isère (38) dans la région Auvergne Rhône-Alpes, et d’une superficie de 546 km2 connue pour ses Terre de randonnée, de ski, de canyon ou de VTT, Grenoble est située proche des frontières Italienne et Hélvétiques, au nord-est de Lyon emplacement strategique duquel Grenoble fit profit durant toute sont histoire. Mais Grenoble ne sait pas construite seul! Connaissez-vous son histoire ?, Ce qui la forger ?, Ces guerres ? ou ses exploits ? Je vous propose avec ce site de faire connaissance d’une histoire veille de plus de deux milles ans.
L’Antiquité Grenobloise
La première référence écrite de Grenoble date du 6 juin -43 lors d’un échange de courrier entre le gouverneur de la Gaule transalpine, Lucius Munatius Plancus, et un notable romain, Cicéron. Le bourg qui porte le nom de Cularo avait été fondé par des peuples gaulois appelés Allobroges, et n’était qu’une petite bourgade gallo-romaine par rapport à d’autres cités comme Vienne. Un siècle auparavant, Rome maître de la péninsule, avait entrepris de conquérir le sud de la Gaule, et en -121, les légions romaines avaient soumis les Voconces et les Allobroges dont le territoire s’étendait entre Rhône et Isère, pour créer la province de la Gaule transalpine. Cette province contourne les Alpes, s’étend sur toute la partie méridionale de la Gaule, remonte la vallée du Rhône jusqu’au lac Léman, avec Vienne comme capitale.
La ville est renommée Gratianopolis en 381 en l’honneur de l’empereur Gratien qui vient de doter la bourgade d’un évêché, mais dont aucun document n’atteste son passage dans la cité en 379 lors de son déplacement dans la vallée du Rhône. Le nom se transforme par la suite en Graignovol au XIIIe siècle, puis Grenoble au XIVe siècle associant le suffixe noble en référence au roi de France, détenteur du Dauphiné.
Le christianisme se diffuse dans la région au IVe siècle. La première mention d’un évêché à Gratianopolis est attestée en septembre 381, avec comme premier évêque Domnin (Domninus), dont la présence est attestée au concile d’Aquilée. Les évêques successifs détiennent alors une autorité considérable sur la cité pendant 14 siècles et procèdent à de nombreuses transformations. Jusqu’à la Révolution, ils s’intitulent « évêques et princes de Grenoble ». Il reste aujourd’hui de la période gallo-romaine le baptistère de Gratianopolis, utilisé jusqu’à la fin du Xe siècle, ainsi que plusieurs portions du mur d’enceinte gallo-romain visibles dans la vieille ville, notamment rue La Fayette.
Dans la première partie du Ve siècle, des monuments funéraires ou mausolées sont construits sur la rive droite de l’Isère, en zone non inondable, recevant les personnages importants de la cité comme les premiers évêques. À la fin du Ve siècle, à la suite de la chute de l’Empire romain d’Occident, la région subit des invasions de hordes barbares mais Gratianopolis reste protégée grâce à ses remparts.
le Moyen Age
La cité souffre particulièrement des incursions des Sarrasins au VIIIe siècle. Dans la première partie du IXe siècle, à l’époque carolingienne, l’église Saint-Laurent est reconstruite avec une nef unique, marquant ainsi la prépondérance des offices eucharistiques sur les cultes funéraires. En février 1012, l’évêque Humbert d’Albon, issu de la maison d’Albon, cède l’église Saint-Laurent aux moines bénédictins de saint Chaffre en Velay, qui un siècle plus tard, reconstruisent une version romane du prieuré Saint-Laurent. La fin du XIe siècle, voit l’arrivée de l’un des plus illustres évêques de la ville, saint Hugues. Il fait reconstruire l’ancien pont romain sur l’Isère, fonde un hôpital pour les pauvres et une léproserie. C’est également lui qui indique à saint Bruno en 1084 le lieu d’implantation pour fonder le monastère de la Grande-Chartreuse et son ordre religieux.
Mais l’importance de Gratianopolis s’accroît considérablement à cette époque lorsque les Comtes d’Albon choisissent la cité comme capitale de leur comté peu après l’an 1000. Ainsi, parmi ces différents seigneurs, le premier porte le nom de Guigues Ier d’Albon, qui est guidé par le désir d’accroître son territoire. Il le consolide en épousant la fille du seigneur de Clérieux-sur-Herbasse.
Grenoble se trouve désormais capitale d’un État indépendant dans le Saint-Empire romain germanique. C’est dans ce contexte qu’en 1155 le dauphin Guigues V d’Albon obtient de l’empereur Frédéric Ier du Saint-Empire romain germanique le droit d’avoir un atelier monétaire à Grenoble, et qu’en 1178, l’évêque Jean de Sassenage obtient à son tour du même empereur ce droit de battre monnaie. Ainsi, l’autorité de la cité reste partagée entre les dauphins de Viennois et les évêques de la ville.
Jean de Sassenage, au terme de son très long épiscopat qui voit l’adoption du francoprovencal comme langue vernaculaire entraînant l’apparition d’un nouveau vocable, Graynovol (ou Greynovol) va devoir témoigner et relater dans ses écrits de la plus grande catastrophe de l’histoire du Dauphiné.
En 1219, Grenoble est ravagée par une catastrophe naturelle sans précédent. Le 10 août 1191, le lit de la Romanche est barré par un glissement de terrain qui crée un barrage naturel au niveau des gorges de l’Infernet à Livet-et-Gavet à une trentaine de kilomètres au sud de Grenoble. Un lac, appelé Saint-Laurent, se forme alors sur des kilomètres en amont dans la plaine du Bourg-d’Oisans jusqu’à atteindre pratiquement le village, rebaptisé « Saint-Laurent-du-Lac ». Quelques années plus tard, le 14 septembre 1219, un violent orage apporte un surplus d’eau qui cause la rupture du barrage à 22 heures et la vidange du lac. Une vague descend la Romanche puis le Drac et se jette dans l’Isère. Mais la hausse du niveau du Drac provoque un reflux de l’Isère qui coule à contresens pendant quelques heures, emporte le pont Saint-Laurent, et forme un lac dans le Grésivaudan à la hauteur de Meylan. Lorsque la décrue du Drac survint, c’est le lac de l’Isère qui se vide à son tour par effet de balancier. Le niveau de l’eau monte alors dans la ville et les habitants sortent dans les rues pour fuir. La nuit étant tombée, les portes de l’enceinte de la ville sont fermées et les habitants se retrouvent pris au piège sur les rives et sont emportés par les flots. De nombreuses personnes périrent cette nuit-là, marquant les esprits pour des siècles. Cet événement est certainement à l’origine du symbole grenoblois du serpent et du dragon instituant désormais la lutte contre les deux rivières.
Il y eu pas moins de cent innondations graves recensées dans l’histoire de Grenoble.
Ruiné par cette croisade au cours de laquelle il perd en mars 1347 la dauphine Marie des Baux qui l’accompagne, il rentre à Grenoble le 8 septembre 1347. Menant une vie dispendieuse et n’ayant plus d’héritier direct, il ne recherche pas à se remarier quand la peste noire s’abat sur Grenoble au printemps 1348. Le fléau attribué par calomnie aux juifs provoqua une série d’arrestations parmi des banquiers et des négociants, laissant profiter Humbert II de leurs biens. Soixante-quatorze d’entre eux furent traduits en justice, et après un procès de trois mois, condamnés à mort sans l’ombre d’une preuve, ils périrent sur le bûcher. Humbert II est contraint de vendre sa province au royaume de France le 30 mars 1349 par le traité de Romans. Les diplomates chargés du protocole ménagent les susceptibilités en lui donnant le nom de transport du Dauphiné.
Le roi Philippe VI donna à Humbert II 200 000 florins d’or et lui accorda une rente annuelle de 24 000 livres. Après cet acte solennel appelé transport du Dauphiné au royaume de France par les diplomates, le fils aîné du roi de France prend le titre de Dauphin et a de fait, autorité sur la province. Le premier d’entre eux, le jeune Charles âgé de 12 ans, (futur roi Charles V), séjourna du 10 décembre 1349 à mars 1350 à Grenoble et en profita pour visiter son nouveau territoire. À la suite de ce rattachement, l’université créée par Humbert II disparaît et ne se réactive que temporairement deux siècles plus tard, puis définitivement en 1806.
Au début de l’année 1374, plusieurs milliers de brigands, bien armés, se répandent à travers le Dauphiné. Ces groupes appelés Grandes compagnies sont composés de soldats démobilisés dans une phase calme de la guerre de Cent Ans, de mercenaires, ou de malandrins qui ne rêvent que de pillages. À Grenoble, tous les seigneurs du Grésivaudan sont convoqués en toute hâte et constituent une petite troupe de volontaires afin de défendre la ville. Venant du Forez, les brigands arrivent aux portes de Grenoble, et se heurtent à cette milice abritée derrière ses remparts. Malgré leur supériorité numérique, les brigands finissent par déguerpir, évitant à la ville un pillage auquel les villages voisins du Trièves ne peuvent échapper.
Depuis la réunion du Dauphiné au royaume de France, les gouverneurs de la province contribuent beaucoup moins au développement de la cité que les dauphins de Viennois à leur époque. Certains évêques, notamment, Aymon Ier de Chissé et son successeur, Aymon II de Chissé, au cours de leurs longs épiscopats sont plus attachés que les gouverneurs à l’embellissement de la ville. Vers la fin du Moyen Âge, c’est Aymon Ier de Chissé qui fonde le 9 août 1424 dans la rue Chenoise l’Hôtel-Dieu, connu sous le nom d’hôpital Notre-Dame. Cette année-là, il est décidé de paver les rues, opération qui débute quatre ans plus tard, en 1428. Pourtant en 1430, c’est bien un gouverneur, Raoul de Gaucourt, qui grâce à son engagement militaire, permet au Dauphiné de rester attaché au royaume de France. À la tête de 1 600 hommes, il empêche les Orangistes de Louis II de Chalon-Arlay alliés aux Savoyards d’Amédée VIII de s’emparer du Dauphiné en leur infligeant une lourde défaite lors de la bataille d’Anthon le 11 juin.
La Renaissance
Sa situation géographique fait de Grenoble un point de passage des armées françaises vers l’Italie pendant les guerres d’Italie à partir de la fin du XVe siècle. La ville reçoit à de nombreuses reprises, pour de plus ou moins longs séjours, les rois Charles VIII, Louis XII, François Ier et Henri II. Mais sa région va souffrir du passage des armées françaises, qui commettent de nombreux pillages et à l’origine des épidémies de peste. La noblesse dauphinoise participe magistralement aux événements d’Italie.
Son plus illustre représentant est Pierre Terrail de Bayard, connu sous le titre de chevalier Bayard. Originaire de Pontcharra, neveu de l’évêque Laurent Alleman, il est nommé lieutenant général du Dauphiné le 20 janvier 1515 par François Ier, et prend très à cœur ses fonctions en faisant son entrée solennelle dans Grenoble le 17 mars à l’âge de 41 ans. Dans une ville ne dépassant pas 4 000 habitants sur 15 hectares et qu’il trouve en piteux état, trois domaines retiennent spécialement l’attention de Bayard : les inondations, la peste, et les brigands.
Bayard fait ainsi nettoyer les rues de Grenoble, purger les égouts et surveille personnellement les travaux de défense contre les inondations. Le 18 janvier 1519, il se rend au port de la Roche, près de la porte Perrière sur la rive droite de l’Isère afin d’examiner les réparations à la suite des crues de l’Isère et du Drac. Il envoie six ouvriers pour refaire les quais du port. Bayard crée également une commission chargée de surveiller, pendant ses absences fréquentes, la construction de digues pour détourner le Drac au niveau du port de Claix (site où est construit le pont Lesdiguières de Claix 90 ans plus tard) jusqu’au port de la Roche. Bayard propose aux mendiants valides d’assurer les travaux sous les ordres des consuls de la ville. De nouvelles taxes sont imposées pour financer ces endiguements. En 1522, alors que les consuls de la ville lui conseillent de partir à Tullins, il prend des mesures contre la peste et la famine qui sévissent dans la ville. Depuis sa création 30 ans auparavant en dehors des remparts de la ville, les pestiférés sont regroupés dans l’hôpital de l’Isle où trois médecins sont sommés de rester pour soigner les malades. Afin de protéger la ville des brigands, il obtient le 19 mai 1523, la levée d’une troupe de 80 archers à la tête de laquelle il met les bandits en fuite dans les environs de Moirans.
Habile diplomate, Bayard est à l’origine d’un traité dans le conflit entre le nouvel évêque Laurent II Alleman et le consul François Roux concernant les clés de la ville, chacun voulant les conserver. Il est décidé que l’évêque garde les clés, tout en reconnaissant qu’il les tient des consuls. Le 22 juin 1523, il fait part aux consuls de la ville de son intention de fonder un asile pour les filles repenties que l’on devait transférer de l’hôpital Notre-Dame au sinistre mouroir de Saint-Jacques. Le projet resta sans suite, Bayard meurt en Italie le 30 avril 1524 lors d’une retraite des troupes françaises. C’est Charles Alleman qui lui succéda comme lieutenant général. Son corps fut ramené en France et enterré au couvent des Minimes de Saint-Martin-d’Hères (près de Grenoble). Ses restes sont transférés trois siècles plus tard, le 21 août 1822 en la collégiale Saint-André de Grenoble et une statue installée l’année suivante sur la place Saint-André.
Au Moyen Âge, les hôpitaux étaient d’abord des établissements charitables qui s’employaient à donner gîte et couvert aux pauvres et aux indigents. Mais les règles de fonctionnement atteignent maintenant leurs limites avec une efficacité mitigée due à une insuffisance de ressources ou bien à une mauvaise administration, c’est pourquoi en 1545 des mesures radicales sont prises par le Parlement du Dauphiné. Les quatre hôpitaux de la ville sont réunis en un seul dans la rue Chenoise, l’administration est centralisée entre les mains d’une commission de six notables composée en majorité de laïques qui prennent le nom de surintendants des pauvres.
les guerres de religions dans le dauphiné
La Réforme protestante déclencha de violents affrontements durant trois guerres entre catholiques et protestants du Dauphiné. C’est l’annonce du massacre de Wassy perpétré par le duc François de Guise le 1er mars 1562 qui plonge la région dans une période de guerre de religion. Le 25 avril, le lieutenant général du Dauphiné, Hector Pardaillan, seigneur de La Motte-Gondrin, militaire catholique, borné et violent, se fait tuer dans une embuscade à Valence. En apprenant la nouvelle, François de Beaumont, baron des Adrets, accourt dans la ville et se proclame lui-même lieutenant général du Dauphiné. Âgé de 49 ans, il a participé aux guerres d’Italie sans obtenir de promotion et s’est rallié aux protestants appelés les huguenots. Le soir même de son arrivée à Valence, des prêtres sont assassinés et la cathédrale est saccagée. Le baron des Adrets comprend la valeur stratégique de cette place forte à double rempart et prend des mesures pour vendre les biens de l’église et obliger la population à assister aux prêches protestants. Il souhaite faire de la ville une capitale protestante à la manière de Genève.
Projet de fortifications à Grenoble, 1575. Terrorisé en apprenant ces nouvelles, le nouveau lieutenant général du Dauphiné, Laurent de Maugiron que le roi vient de nommer en remplacement d’Hector Pardaillan, abandonne piteusement Grenoble. Le baron rouge rassemble quelques troupes et fonce sur la capitale du Dauphiné dont il s’empare sans rencontrer de résistance. Les huguenots pillent ainsi la collégiale Saint-André, brisant les tombeaux des dauphins à coups de masse et courent ensuite à la cathédrale pour la saccager. Le couvent des dominicains est également pillé et incendié, puis ses occupants chassés de la ville. Des scènes identiques se poursuivent dans d’autres villes du Dauphiné où chacune des étapes du baron rouge est jalonnée de cadavres. Après la destitution du baron des Adrets par le prince de Condé et quatre ans d’accalmie, une seconde période de guerre de religion s’amorce avec un nouveau chef des huguenots, le comte Charles Dupuy de Montbrun.
Face à lui, le nouveau lieutenant général du Dauphiné, Bertrand de Gordes, est un homme sage, nommé par Catherine de Médicis lors d’une rencontre en juillet 1564 à Roussillon, et qui prend ses fonctions le 12 février 1565 dans une ville comptant de 5 500 à 6 000 habitants. En 1568, les dominicains reviennent pour rebâtir leur couvent, mais le marché aux grains s’y est établi et c’est à partir de ce moment que l’emplacement commence à porter son nom de Granaterie, ou place de la Granaterie.
À la suite du massacre de la Saint-Barthélemy en août 1572, le roi Charles IX demande à de Gordes dans un courrier du 8 octobre une sévérité extrême à l’encontre des protestants « Tant plus de morts moings d’ennemys », mais de Gordes refuse d’aggraver les massacres dans sa province. Le roi se ravise peu de temps après en prenant des décisions moins brutales à l’encontre des protestants. Quelques officiers protestants sont destitués, et d’autres, souvent hommes de loi, préfèrent abjurer devant l’évêque François d’Avançon. Cependant, en Dauphiné les huguenots ne désarment pas et une dizaine d’entre eux sont pendus en 1573, puis leur chef, Du Puy-Montbrun, se fait capturer. Condamné à mort par le parlement du Dauphiné, il a la tête tranchée le 13 août 1575 sur la place de Mal-conseil sans que Bertrand de Gordes intervienne pour lui éviter le châtiment suprême. L’année suivante, la paix de Beaulieu signée en mai 1576 ramène un calme très éphémère puisque dès 1577, la nomination d’un nouveau chef des huguenots, un humble capitaine issu de la noblesse terrienne âgé de 34 ravive une dernière période de guerre durant treize années et change le destin de Grenoble.
Chef des protestants du Champsaur, François de Bonne de Lesdiguières est un fin tacticien qui résume ses principes en peu de mots : « Assaut de lévrier, défense de sanglier, fuite de loup ». Pourtant la chance ne lui sourit pas tout de suite et il connaît des échecs face aux catholiques et leur lieutenant général, Laurent de Maugiron, rétabli après le décès de Bertrand de Gordes en 1578. Au cours de l’année 1580, Lesdiguières subit même un grave revers militaire à La Mure au sud de Grenoble. L’année suivante, il obtient après de longs pourparlers avec le duc de Mayenne, un édit de paix publié en octobre permettant de créer une chambre de l’Édit, incorporée au parlement du Dauphiné, et destinée à juger les causes intéressant les protestants.
Après plus de trois semaines de siège, le conseil consulaire de la ville se réunit une dernière fois le 20 décembre pour accepter de signer un traité de paix le 22 décembre 1590. Les Grenoblois lassés par trois décennies de guerre et impressionnés par un défilé de troupes de Lesdiguières capitulent. Les troupes du colonel d’Albigny qui commandait la garnison peuvent quitter la ville avec sa compagnie d’arquebusiers à cheval. Les catholiques redoutent leur vainqueur mais Lesdiguières se montre un homme politique avisé et fait preuve d’une extrême modération. Ses soldats reçoivent l’ordre de ne commettre aucune exaction. Des instructions sont données pour assurer le libre exercice du catholicisme à l’intérieur des remparts de la ville et le culte protestant dans le faubourg Très-Cloitre .
Les guerres de religion en Dauphiné prennent fin huit ans avant l’édit de Nantes qui jette les bases d’une réconciliation nationale. Au début de février 1591, le conseil consulaire de Grenoble reçoit une lettre d’Henri IV dans laquelle le roi exprime le « grand ayse, plaisir et contentement » que lui avait apporté la soumission de Grenoble. Alphonse d’Ornano confirmé dans ses fonctions de lieutenant-général revient le 15 mai. Nommé en mars 1591 gouverneur de Grenoble, Lesdiguières décide dès lors de fortifier la rive droite de l’Isère en construisant un petit fortin bastionné appelé Bastille au sommet de la colline, de démarrer la construction d’une nouvelle enceinte pour la ville, et l’édification d’un enclos fortifié près de la Tour de l’Isle appelé Citadelle ou Arsenal. L’utilité immédiate de cette dernière construction est de se prémunir contre toute révolte d’une population grenobloise, qu’il vient d’assiéger.
Le XVIIéme siecle
Le 10 juin 1697, paraît le premier journal dauphinois, La Gazette de Grenoble, hebdomadaire créé 70 ans après celui de Théophraste Renaudot, père du journalisme français, mais ne vécut qu’une seule année. La fin du siècle est marquée par un important acte administratif, celui de l’enregistrement le 13 juin 1698 à l’Armorial général de France, à la suite d’un ordre de Louis XIV, du blason de la ville aux trois roses. Sous l’impulsion de l’évêque Étienne Le Camus, deux nouvelles églises sont bénies à la fin du siècle dans une ville qui voit sa population augmentée. En 1697, l’église Saint-Joseph[79] est construite sous la direction de l’architecte Claude Mollard de Dieulamant à l’extérieur des remparts, dans le faubourg Saint-Joseph. Le seuil de cette église sert plus tard de point stratégique afin de déterminer l’altitude exacte de Grenoble : 213,48 mètres. Puis l’église Saint-Louis, toujours par le même architecte, est bénie en 1699 à l’intérieur de l’extension Créqui des remparts.
Le XVIIIéme siecle
Ce XVIIIe siècle symbolise alors une grande prospérité économique pour la ville. Au début du siècle, on compte 12 maîtres gantiers fabriquant chaque année 15 000 douzaines de gants, en 1787, il y en a 64 produisant 160 000 douzaines de gants annuellement. Le commerce est également actif dans la ville où des foires importantes se tiennent régulièrement.
En ce début de XVIIIe siècle, Grenoble, si souvent ravagée par les inondations depuis des siècles, n’est toujours pas à l’abri de telles catastrophes. Dans les années 1730, alors que le Drac n’est endigué que partiellement, c’est l’Isère qui provoque de graves dégâts. Cette décennie est frappée par cinq crues qualifiées d’événement exceptionnel. Celle du 14 septembre 1733 frappe particulièrement les esprits en montant à 5,57 mètres au-dessus de l’étiage. L’abbé Bonnet, curé de Vourey et témoin raconte « L’eau qui venait à gros bouillons par la porte de Très-Cloître et de Saint-Laurent, eut bientôt rempli toutes les boutiques presque jusqu’au premier étage ».
Un poète local, François Blanc surnommé Blanc-Lagoutte à cause de sa maladie, immortalise cette catastrophe dans un long poème appelé Grenoblo malhérou (Grenoble malheureux), illustré un siècle plus tard par Diodore Rahoult dans une édition préfacée par George Sand.
Au milieu du XVIIIe siècle sévit le contrebandier du Dauphiné, Louis Mandrin, dont le frère a été condamné à mort à Grenoble pour faux monnayage, et qui vola les riches en redistribuant ses larcins aux pauvres. Il dirigea jusqu’à 300 hommes pendant vingt-deux mois à travers la région, mais ses exploits avaient si fortement frappé les esprits que le peuple en fit aussitôt un personnage d’épopée. Incarnant la révolte contre un système fiscal particulièrement injuste qu’était l’administration des Fermes générales, il fut capturé près de Pont-de-Beauvoisin dans la nuit du 10 au 11 mai 1755, et roué vif à Valence le 26 mai 1755.
Un mouvement de révolte, amorcé depuis 1771 dans tous les Parlements de France, monte en puissance à Grenoble et fait de la ville l’origine d’une véritable révolution dans le royaume de France.
Le nouvel évêque, dernier de l’Ancien Régime, est Henri-Charles du Lau d’Allemans à partir du 30 mars 1789. Mais la Révolution supprime à la fin de l’année 1789, les vieilles provinces et divise le Dauphiné en trois départements. Le 18 février 1790, elle supprime les ordres religieux et ferme les couvents. Grenoble n’a pas été le seul foyer d’agitation mais ses élus ont été le plus loin dans les revendications politiques et ont donné au mouvement un retentissement national. D’ailleurs, Grenoble est représentée à Paris par les illustres Jean-Joseph Mounier et Antoine Barnave. Lorsque la délégation du Dauphiné entre dans la salle de l’hôtel des Menus-Plaisirs à Versailles le 5 mai 1789, tous les délégués se lèvent et applaudissent longuement cette poignée d’hommes qui arrivent de Grenoble, de Romans, de Valence ou de Gap. En hommage à son rôle, le vieux fort surplombant la ville est baptisé La Bastille.
Le dernier intendant à Grenoble est Gaspard-Louis Caze, baron de la Bove : arrivé de Bretagne en 1784, il ne participe que très peu aux troubles pré-révolutionnaires, le ministère pense qu’il cherche plus à être populaire qu’à servir le roi. Mais blessé par l’hostilité de la population il ne songe qu’à s’effacer, et finit par repartir à Paris.
Grâce à l’action de Joseph Chanrion, envoyé à Paris par les habitants afin de s’opposer à l’envoi d’une commission révolutionnaire dans la ville, par le Comité de salut public, la Terreur ne sévit pas particulièrement à Grenoble car il n’y a que deux exécutions, celles des abbés Revenaz et Guillabert sur la place Grenette.
Le clergé ayant été chassé des églises et des évêques constitutionnels mis en place, la cathédrale Notre-Dame devient le temple de l’Être suprême, l’église Saint-André devient le siège des sociétés populaires, affiliées au club des Jacobins. De la création des communes en 1790 jusqu’à la fin du siècle, la nouvelle fonction de maire à Grenoble remplace celle de consul, et connaît une succession de personnages dont il ressort trois noms. Le premier maire est Laurent de Franquières, assurant brièvement la fonction du 3 au 10 février 1790. Se sachant gravement malade, il démissionne et meurt le 30 mars à l’âge de 46 ans. Antoine Barnave assure la fonction pour une courte période de trois mois en 1790 et Joseph Marie de Barral, ancien Premier président du parlement du Dauphiné, occupe la fonction à trois reprises.
En avril 1793. deux représentants du peuple, André Amar et Jean-François-Marie Merlino, se rendent à Grenoble. Ils y publient une liste de 166 Grenoblois notoirement suspects, dont fait partie le père de Stendhal, et de 350 simplement suspects. Les notoirement suspects sont arrêtés, tandis que les simplement suspects sont mis sous surveillance. La Terreur fait deux morts à Grenoble, tous les deux prêtres.
Le 1er novembre 1805, sur la voie qui le mène d’Ulm à Austerlitz, Napoléon Ier signe à son quartier général de Braunau-su-Inn, le décret qui organise l’École de droit de Grenoble, marquant ainsi le retour de l’enseignement supérieur à Grenoble. Les élites de Grenoble s’étaient mobilisées pour obtenir que l’une d’elles soit installée à Grenoble, et Jean-Paul Didier a tenu un rôle essentiel dans les intrigues qui leur permettent de réussir. Il fait jouer ses relations parisiennes, notamment Cambacérès, Montalivet, Portalis et Fouché. Il met en place une pédagogie reposant sur la pratique et la compréhension de l’esprit des lois, plutôt que de la lettre. Quatre ans auparavant, le 27 mars 1801, un jeune garçon de dix ans arrive à Grenoble pour y faire ses études. C’est à l’École centrale transformée en lycée impérial en 1803 que Jean-François Champollion poursuit sa scolarité jusqu’en 1807 ; il effectue ensuite deux séjours dans la ville. Le premier de 1809 à 1816 en tant que professeur adjoint d’histoire à la faculté des Lettres et un second de 1817 à 1821 comme bibliothécaire, au cours duquel il communique le 24 juillet 1818 son mémoire sur Quelques hiéroglyphes de la pierre de Rosette. Champollion rencontre à Grenoble un autre savant le mathématicien Joseph Fourier, nommé préfet de l’Isère en février 1802 par Napoléon Ier. Fourier reste préfet pendant 13 ans, créant l’université scientifique de la ville en 1811, et permettant la construction de la route entre Grenoble et Briançon par le franchissement du col du Lautaret.
La première société de secours mutuels de France fut créée le 1er mai 1803 entre les ouvriers gantiers grenoblois. Elle fut suivie par d’autres organisations semblables comme celle des cordonniers le 25 juin 1804, des peigneurs de chanvre en juillet 1804, des mégissiers, chamoisiers, tanneurs et corroyeurs le 24 juin 1807, des tisserands, drapiers et tapissiers en juillet 1808. Il faut encore attendre un siècle pour voir apparaître celle des maçons, tailleurs de pierre et charpentiers le 1er juillet 1906.C’est également à Grenoble que virent le jour les trois premières sociétés mutualistes féminines en 1822.
L’approbation du Sénatus-consulte pour le passage du Consulat à l’Empire est massive dans la région. Seulement 12 non sont relevés dans l’arrondissement de Grenoble. Charles Renauldon, maire de la ville, assiste au couronnement de l’Empereur en tant que maire de l’une des « trente-six bonnes villes de France ». Il assiste encore en 1810 au mariage de Napoléon avec Marie-Louise d’Autriche.
En 1813, la ville se trouva sous la menace des Autrichiens qui avaient auparavant envahi la Suisse et la Savoie. Après une résistance à Fort Barraux, les troupes impériales se replièrent sur Grenoble. La ville, bien défendue sous l’impulsion du général Jean Gabriel Marchand, parvint à repousser les Autrichiens. Cependant, l’invasion du pays par le Nord entraîne une nouvelle invasion et un combat désespéré à Voreppe le 11 avril. Une capitulation de Grenoble devant les forces autrichiennes est signée et 3 000 Autrichiens occupent la ville du 19 avril au 28 mai 1814 pour la première invasion de l’histoire de la ville.
L’année suivante, Napoléon, las de son exil à l’île d’Elbe décide de rentrer à Paris. De Golfe-Juan, il passe par la route des Alpes, il arrive à Gap le 5 mars, à Laffrey où de nouvelles troupes le rejoignent. Le 7 mars 1815, Grenoble accueillit triomphalement Napoléon de son retour d’exil à la porte de Bonne des remparts vers 19 heures 30, et fermée à clé par le général Marchand. Commencent alors de longues palabres avec le colonel Rousille responsable des soldats chargés de tenir la porte, mais c’est finalement les habitants qui brisent les vantaux à 23 heures. Après une nuit passée à l’hôtel des trois Dauphins, Napoléon Ier reçoit les magistrats de la ville, les membres de l’académie Delphinale, les avocats, le clergé, et enfin les officiers.
Napoléon dira plus tard : « De Cannes à Grenoble j’étais encore un aventurier ; dans cette dernière ville, je redevins un souverain ». Le tracé de sa remontée vers la capitale au départ de Golfe-Juan est aujourd’hui appelé route Napoléon. Elle passe et se termine à Grenoble sur l’actuelle avenue Jean-Perrot. L’occupation d’une place militaire importante comme Grenoble avec cinq régiments rendit tout son prestige à l’Empereur.
Cependant, la défaite de Waterloo en juin provoque une nouvelle invasion dans la région. Une armée austro-sarde commandée par le général Sallier de La Tour arrive sans résistance jusqu’à Grenoble en juillet 1815, où la population se défend par elle-même jusqu’au 6 juillet, lançant les derniers coups de canons contre l’ennemi presque trois semaines après Waterloo. Mais avec des fortifications vieillissantes et à la suite de l’abdication de l’Empereur le 22 juin, le capitaine Joseph Guillaume Debelle, à la tête de la garde nationale, obtient une capitulation honorable après quelques échanges de tirs. Son fils Alexandre Debelle représenta cet épisode où figure son père ainsi que l’entrée de Napoléon à Grenoble. Un an après la première occupation d’une armée étrangère, l’armée austro-sarde occupe la ville pendant cinq mois. Après la déroute napoléonienne en Europe, le traité de Fontainebleau en 1814 puis celui de Paris l’année suivante, remettent Grenoble sur la frontière face au royaume de Piémont-Sardaigne.
Le XIXéme siecle
À la demande de Louis XVIII qui souhaite renforcer sa présence militaire aux frontières, le site de la colline de la Bastille est transformé entre 1824 et 1847 par le général Haxo et prend son aspect de fortification en cascades que l’on connaît de nos jours, effaçant ainsi toute trace des fortifications de Lesdiguières édifiées deux siècles auparavant. Seules deux échauguettes furent conservées sur la colline et une pour la ville, toutes trois encore visibles. À son sommet sont édifiés le fort de la Bastille de 1825 à 1830 puis la caserne de 1827 à 1838. Simultanément, l’enceinte de la ville datant pour la plus grande partie de l’époque de Lesdiguières et d’une moindre partie de l’agrandissement Créqui achevé en 1675, est reprise et agrandie vers le sud de 1832 à 1836, créant ainsi de nouvelles portes d’accès comme la porte des Alpes ou celle des Adieux. De même, à partir de 1840, la citadelle du Rabot est mise en chantier à mi-hauteur de la colline afin d’abriter troupes et munitions loin d’un front probable situé vers la porte Saint-Laurent.
En 1832, un emploi du temps non préparé pour la journée du 29 février au petit séminaire du Rondeau près du Drac donne aux élèves de cette institution l’occasion d’organiser une journée de compétitions athlétiques comme cela se faisait dans la Grèce antique. La compétition qui prend le nom de jeux olympiques du Rondeau se renouvelle tous les quatre ans jusqu’en 1954. Lors de l’édition 1856, un jeune garçon, Henri Didon se fait remarquer par ses trois victoires. Devenu ami du baron Pierre de Coubertin, le père Henri Didon inspire en 1894 la devise olympique « Citius, Altius, Fortius » au Comité international olympique pour les Jeux olympiques d’été de 1896, première édition des jeux olympiques de l’ère moderne devant se dérouler deux ans plus tard à Athènes.
Le Second Empire est marqué par la mise en service de la gare ferroviaire le 1er juillet 1858 à Grenoble à la fin des cinq années de la municipalité de Louis Crozet qui meurt le 11 novembre 1858. Prévue depuis la loi du 16 juillet 1845 instaurant les grands itinéraires des voies ferrées en France, un projet de loi en mai 1847 avait pourtant remis en question l’embranchement ferroviaire de la vallée du Rhône en direction de Grenoble. Le maire en place Frédéric Taulier, prépara une délibération du conseil le 7 juin 1847, visant à être transmise aux membres des deux chambres, aux ministres et au roi Louis-Philippe Ier.
La région grenobloise ne dispose que d’un petit nombre de matières premières : la pierre, le bois, et du charbon. Par contre, elle dispose d’une énergie abondante, l’eau utilisée depuis longtemps pour faire tourner les moulins activant divers mécanismes. Mais, au cours de cette seconde partie du XIXe siècle, l’évolution des techniques provoque le démarrage d’industries jusque-là peu développées. C’est d’abord l’invention du ciment par Louis Vicat qui permet d’exploiter des mines autour de Grenoble, comme à Seyssins, Fontaine, Sassenage pour la chaux et surtout la mine de la porte de France pour le ciment naturel. C’est ensuite le développement de la papeterie, qui déjà bien installée depuis des décennies, connaît une évolution technique importante avec l’utilisation des fibres de bois nécessitant l’emploi de puissants défibreurs.
Vers la fin du XIXe siècle, une nouvelle activité locale fait son apparition, le ski alpin. C’est en effet en 1888 que l’alpiniste Henry Duhamel découvre lors d’une exposition à Paris, « de longues et étroites planchettes » qu’un bienveillant exposant suédois lui signale comme « étant fort recommandables pour les parcours sur la neige ». À son retour à Grenoble, Duhamel essaie ces « planches » sur les pentes de Chamrousse et doit leur apporter bien des modifications, notamment en matière de fixation, car conçues pour glisser sur terrain plat. Ce sont les débuts du ski alpin et Henry Duhamel fait immédiatement des adeptes dans la population en conservant le mot norvégien de ski pour désigner ces drôles de planches.
Le XXéme siécle
La banque de France s’installe[Quand ?] dans le boulevard Édouard-Rey, entourée d’hôtels de luxe et de nombreux immeubles d’habitation. En ce début de siècle, les divertissements deviennent plus nombreux. Outre les traditionnelles cavalcades, Grenoble est choisie en 1905 comme ville étape d’une récente épreuve cycliste appelée Tour de France, et accueille l’épreuve chaque année. En 1911, a lieu sur le site de Comboire près de Grenoble, un concours international de tir du 1er au 20 juin. Ces concours de tir s’étant développés depuis la guerre franco-allemande de 1870 afin d’habituer les jeunes gens au maniement des armes à feu. Les 16,17 et 18 mai 1912 se déroule la première fête de l’aviation de la ville sur le terrain militaire du polygone, et à cette occasion, les premiers baptêmes de l’air ont lieu.
Au début du XXe siècle, Grenoble est une ville de garnison qui regorge de soldats. En août 1914, avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, ses différents régiments sont engagés dans la guerre avec le 140e régiment d’infanterie et son régiment de réserve le 340e régiment d’infanterie, le 105e régiment d’infanterie territoriale, le 4e régiment du génie, le 2e régiment d’artillerie de campagne, le 1er régiment d’artillerie de montagne, et les 14e, 28e, 30e et 114e bataillons de chasseurs alpins, soit plus de 20 000 hommes.
La guerre accélére l’expansion économique de la ville qui compte 77 000 habitants. Obligé de se replier à Bordeaux face à la menace allemande, le gouvernement de René Viviani demande à la région de fournir de la force électrique, du matériel électrique, des obus, des explosifs, des engrais, du coton nitré, du papier à cartouches ou encore des biscuits. Ainsi, de nouvelles usines s’installent pour soutenir l’effort de guerre, les premiers complexes chimiques se forment au sud de la ville à Pont-de-Claix et Jarrie. L’abondance de l’énergie électrique et l’isolement du site sont à l’origine de ce choix. Cette industrie chimique est directement liée à la production et à l’utilisation de chlore. C’est l’utilisation de gaz de combat par les Allemands le 22 avril 1915 lors de la bataille d’Ypres qui provoque la création de onze usines de production de chlore en 1916 et 1917 à travers la France. À partir de 1919, la production de chlore n’évolue que très peu avant de reprendre après la Seconde Guerre mondiale.
Avec le développement de l’industrie touristique, le téléphérique de la Bastille mis en chantier par Paul Mistral est inauguré en 1934 par son successeur Léon Martin, permettant d’accéder très facilement à un point de vue panoramique situé 264 mètres au-dessus de Grenoble. Deux ans plus tard, le téléphérique, surnommé la ficelle, connaît alors sa véritable consécration lorsque le président de la république Albert Lebrun visite l’installation.
Cette même année, Grenoble est le théâtre de manifestations très précoces qui amèneront la victoire du Front populaire deux ans plus tard. Dès le 7 février, un défilé des deux centrales ouvrières, la CGT et la CGTU parcourt les rues, en réaction à la manifestation antiparlementaire du 6 février. La manifestation est reconduite le 12 février puis le 1er mai 1934. De son côté, la fédération républicaine invite Philippe Henriot, de l’extrême-droite, au cours d’un meeting le 10 juin, provoquant de vives réactions populaires et la mise en place de très nombreuses forces de police. C’est l’intervention du maire Léon Martin qui arrête des affrontements sur la place Saint-Bruno et un défilé en commun termine la matinée.
Ce mouvement unitaire des syndicats se traduit à partir du mois de septembre 1934 par la création d’un syndicat unique par secteur d’activité. L’année 1935 voit une nouvelle manifestation le 14 juillet où 10 000 personnes se pressent sur la place Notre-Dame, rassemblant socialistes et communistes, mais où les radicaux sont tenus à l’écart. Élu maire de Grenoble en 1935, à l’âge de 64 ans, Paul Cocat conserve cette fonction durant toute la seconde Guerre mondiale qui se prépare.
L’année suivante, le monument rendant hommage à la gloire des diables bleus, héros militaires de l’année 1915, est inauguré le 31 mai dans le parc Paul-Mistral. Pour l’occasion, le général Maurice Gamelin vient prononcer un discours devant une foule considérable estimée à dix-mille personnes selon la presse.
Durant la Seconde Guerre mondiale, lors de l’invasion allemande, la défense de la ville est assurée par le général Cartier lors de la bataille de Voreppe les 23 et 24 juin 1940, au cours de laquelle ses pièces d’artillerie stoppent l’avancée des blindés allemands à une douzaine de kilomètres de Grenoble. L’armistice signé par le maréchal Pétain entraîne l’arrêt des combats en France le 25 juin 1940 à l’aube, évitant ainsi à Grenoble de subir une invasion allemande. Un grand calme s’établit dès lors sur la ville succédant aux bruits de combats au loin. Mais très vite, le régime de Vichy persécute des minorités comme les Francs-maçons qui voient leurs loges interdites à la suite des décrets du 13 août 1940. Le préfet fait publier les noms de leurs membres dans Le Petit Dauphinois et plusieurs fonctionnaires sont révoqués ou déplacés. Cas unique en France, le temple maçonnique de Grenoble situé cours Jean-Jaurès est démoli et son mobilier vendu aux enchères. Grenoble fait alors partie de la « zone libre », et enserrée dans ses montagnes, apparaît encore comme un refuge pour de nombreux intellectuels, avant de connaître une occupation italienne entre novembre 1942 et septembre 1943. Le souvenir de la Première Guerre mondiale pousse des Belges, des Français du Nord, des Alsaciens, des Lorrains, des Polonais, des Italiens antifascistes, des républicains espagnols, des juifs, des Parisiens, avocats, médecins, hommes politiques à venir s’établir dans la ville et sa région. Dès le mois d’octobre, le monde universitaire et de nombreux professeurs choisissent Grenoble, comme destination à cause de sa situation en zone libre. Certains d’entre eux deviennent célèbres par la suite comme Louis Néel.
La grande majorité de la population grenobloise accepte avec reconnaissance, en 1940, la présence à la tête de l’État du maréchal Pétain et se rallie à son nouveau régime. Le Régime de Vichy met en place un nouveau préfet, Raoul Didkowski, qui reste en place jusqu’en août 1943, et conserve le maire Paul Cocat. La France conserve une armée d’armistice et Grenoble maintient sa tradition militaire mais sans toutefois retrouver la totalité de sa garnison de septembre 1939. L’information reste également en place avec Le Petit Dauphinois de Joseph Besson, La Dépêche dauphinoise de Marcel Farges, et La République du Sud-Est dirigée par Léon Poncet. Les trois médias apportent leur soutien au régime de Vichy et à son guide, le maréchal Pétain. Ce dernier effectue un déplacement à Grenoble les 19 et 20 mars 1941, accueilli par le préfet et l’évêque Alexandre Caillot, admirateur du maréchal. Son parcours dans la ville est cependant étroitement surveillé par des appelés du contingent disposés tous les mètres environ.
La vie quotidienne à Grenoble devient plus difficile comme dans le reste de la France et un premier statut des Juifs est mis en place le 3 octobre 1940. Les tickets de rationnement alimentaire apparaissent dès mars 1940 et régentent la vie jusqu’à fin 1949. Le 17 octobre 1941, le journal officiel publie un statut de la noix qui en réglemente la cueillette et la vente. Devant le marché du cours Jean-Jaurès, les ménagères font la queue dès 4 h du matin, obligeant nombre de familles à acheter un jardin familial en périphérie. En juin 1942, la foire-exposition des produits de remplacement remporte à Grenoble un énorme succès car la pénurie suscite l’inventivité de tous. Les pois chiches, les glands de chêne grillés et la chicorée remplacent le café, les semelles de bois ou de liège le cuir, les cigarettes sont faites de feuilles de tournesol ou de topinambour. Grenoble n’a plus de voiture mais des vélos-taxis, la bicyclette étant devenue le moyen de transport quotidien.
Mais lentement, d’une opposition dispersée, la ville prend une part active à une Résistance organisée. Fin 1941, des antennes locales de mouvements tels que Combat ou Franc-tireur s’enracinent à Grenoble grâce à des figures comme Eugène Chavant, Léon Martin, Jean Perrot ou encore Marie Reynoard. Cette même année, une nouvelle école ouvre ses portes le long du nouveau boulevard Joseph-Vallier dans d’immenses locaux, l’école des pupilles de l’air. Des universitaires de la ville appuient les actions clandestines. Ces résistants créent un service de faux papiers aux réfractaires du STO à partir de l’été 1942, aidés dans la tâche par Henri Grouès, vicaire de la cathédrale Notre-Dame, qui prend dans cette clandestinité le nom d’abbé Pierre. Le 26 août 1942, les policiers procèdent à une rafle de 353 Juifs étrangers. Rassemblés à la caserne Bizanet (situé au no 51 de l’avenue Maréchal-Randon), 98 d’entre eux sont envoyés au camp de Drancy puis déportés au camp d’Auschwitz.
Mais en novembre 1942, le débarquement des troupes alliées en Afrique du nord provoque l’invasion de la majeure partie de la zone libre par les troupes allemandes et l’occupation par l’armée italienne d’une zone située à l’est de la vallée du Rhône. La ville de Grenoble qui atteint alors la barre des cent mille habitants est occupée par l’armée italienne dès le 11 novembre 1942. La 5e division alpine dite Pusteria, commandée par le général Maurizio De Castiglioni, est essentiellement composée de Piémontais, dont les relations amicales avec quelques membres de la communauté italienne de Grenoble permettent aux habitants de supporter facilement une occupation militaire peu contraignante, malgré une exécution et 59 emprisonnements. En décembre 1942, l’inscription “JUIF” devient obligatoire sur les pièces d’identité et en février 1943, apparaît le Service du travail obligatoire pour les jeunes hommes âgés de 21 à 23 ans. Le groupe Armée secrète de Louis Clavel organise le 25 mai 1943 un attentat contre l’hôtel Gambetta, siège de la division italienne. Il contraint ainsi l’état-major italien à déménager dans la maison des Étudiants. Par ailleurs, à la suite de l’échec du dispositif du STO, des rafles sont organisées en juillet à Grenoble et dans le Vercors et un couvre-feu est instauré sur Grenoble et quatre communes périphériques.
L’occupation allemande de Grenoble a duré un peu moins d’un an mais a été ressentie douloureusement par la population. L’historien Robert Favier comptabilise durant cette période d’occupation 1 852 personnes arrêtées dans l’agglomération grenobloise dont 1 500 portées disparues, et 354 personnes fusillées ou tuées au combat.
Jugé trop proche des forces occupantes, le principal quotidien de la région, Le Petit Dauphinois, fondé en 1878, tire son dernier numéro ce 22 août, et se fait remplacer le lendemain par Les Allobroges, un journal issu de la Résistance locale. Le même jour, le nouveau préfet Albert Reynier, issu de la Résistance du Grésivaudan, est mis en place. C’est le début d’une brève période où des règlements de compte se produisent dans une population qui traque les collaborateurs français de l’occupant. Les procès de la collaboration en 1944 provoquent l’exécution le 2 septembre de six miliciens sur le même square où de jeunes résistants avaient été exécutés par les Allemands un mois auparavant. Guy Eclache, l’un des principaux collaborateurs grenoblois (un temps en fuite en Italie avant d’y être retrouvé et ramené en France par Pierre Fugain), est condamné à mort et exécuté le 20 octobre 1945. De son côté, l’évêque de Grenoble, Alexandre Caillot, l’un des prélats les plus pétainistes de France n’est pas inquiété et échappe à la vindicte.
Le 5 novembre, le général Charles de Gaulle vient remettre la médaille de l’ordre de la Libération à la ville de Grenoble et évoque la période écoulée par ces mots « Grenoble a supporté tout cela, mais Grenoble à aucun moment - qui donc le sait mieux que celui qui a l’honneur de lui parler ? - à aucun moment n’a renoncé à soi-même, n’a renoncé à la liberté, à l’espérance, à la Patrie. ». C’est son nouveau maire issu des mouvements de résistance, Frédéric Lafleur, qui présente la médaille devant une foule considérable sur la place Pasteur, devant la Maison des Étudiants, ancien quartier général de la Wehrmacht. Faute de pouvoir obtenir le titre de capitale de la Résistance, Grenoble obtient celui de capitale des maquis.
En décembre 1961, afin d’accueillir un nombre croissant d’étudiants, est posée en présence du ministre Lucien Paye, la première pierre du campus à l’américaine sur une zone de cultures maraîchères de 186 hectares, à cheval sur les communes de Saint-Martin-d’Hères et de Gières, ce qui était inédit en France. Louis Weil, fondateur et directeur du centre de recherche sur les très basses températures sur le site du centre d’études nucléaires, prend une part essentielle à la création de ce campus. Principal acteur local de la collaboration entre recherche et industrie, il est élu doyen de la faculté des sciences en 1961. Dès les premières années, les résidences d’étudiants sont construites grâce à une avance de la société Merlin Gerin gérée par l’Alliance universitaire de Grenoble. L’accessibilité du campus est assurée par 10 000 places de parking et les transports en commun mettent plusieurs années avant de desservir efficacement le site. Malgré le lancement de ce campus, Albert Michallon reste conscient du retard des équipements de la ville et obtient de son conseil la mise à l’étude d’un plan d’urbanisme confié à l’architecte Henry Bernard mais surtout la candidature de Grenoble aux Jeux olympiques de 1968. Parallèlement à l’urbanisation de la région, nait l’idée que les différentes communes entourant Grenoble doivent mettre en commun avec la ville centre services et équipements afin d’harmoniser leur évolution. Ainsi, nait en 1966 un regroupement de 23 communes appelé syndicat intercommunal d’étude des problèmes d’urbanisme de la région grenobloise (SIEPURG), ancêtre de la métropole actuelle.
En 1988, la ville affirme encore un peu plus son caractère scientifique avec la mise en service des antennes géantes de l’Interféromètre du plateau de Bure dans les Hautes-Alpes rattaché à l’Institut de radioastronomie millimétrique du campus. Parallèlement, Alain Carignon rénove certains bâtiments historiques du centre-ville comme l’ancien palais des évêques qui deviendra en 1998 le musée de l’Ancien Évêché ou la halle Sainte-Claire rénovée et inaugurée le 2 février 1991, mais s’attache tout particulièrement depuis le début de son mandat au projet d’implantation d’un nouvel instrument scientifique d’envergure internationale. C’est en effet depuis 1984, que la décision est prise par la communauté scientifique d’installer un synchrotron en France. Après une hésitation face au site de Strasbourg, le chantier de l’anneau de 844 mètres de circonférence du synchrotron démarre en avril 1990 sur le site du polygone scientifique.
Le XXI éme siècle
Avec le cap de l’an 2000, la communauté scientifique, avec à sa tête Jean Therme, prépare la reconversion de l’activité nucléaire avec l’arrêt des piles nucléaires Siloé, Siloette et Mélusine. Ainsi en 2006 est inauguré en l’absence de grande personnalité politique française, le centre Minatec, premier centre européen de recherche sur les nanotechnologies, installé à l’origine sur 45 000 m2 à l’entrée du Polygone scientifique, suscitant de nombreuses critiques de la part des opposants à ces technologies. La veille de son inauguration, une manifestation a réuni entre 800 et 1 000 opposants. Mais, Minatec préfigure d’autres créations de ce type, tel NanoBio ou Clinatec.
Le 4 novembre 2009 est inauguré à l’emplacement de l’ancienne caserne militaire de Bonne l’un des premiers Écoquartier de France, sur une superficie de 8,5 hectares. Cité comme véritable modèle à l’échelle nationale, il a été primé du prix Eco-quartier 2009 par le ministère de l’Environnement, et sera complété l’année suivante par son centre commercial, faisant de ce quartier un lieu de visite de la ville. L’année 2009 voit également la reconversion d’un autre site militaire, celui du fort de la Bastille qui après plusieurs tentatives d’occupations diverses dans les décennies précédentes, inaugure le 1er octobre le musée des troupes de montagne transféré de la rue Hébert.
Source tirée en majeur partie du site WiKipedia.